Accueillir un enfant atteint de Troubles du Spectre Autistique (T.S.A. ne pas confondre avec Troubles spécifiques des apprentissages, ou T.S.A... oui, c'est galère les abréviations...) au sein d'une classe n'est pas toujours évident, que ce soit dans le milieu spécialisé ou dans le milieu ordinaire.

L'enfant atteint de T.S.A. (ou de Troubles envahissants du développement = T.E.D.) se caractérise par un manque d’interaction sociale, de communication et par des intérêts restreints. Il a du mal à ressentir, à exprimer ses émotions, peut se renfermer ou avoir des comportements répétitifs. 

Pas toujours évident donc de pouvoir communiquer avec lui, et donc de le faire entrer dans les apprentissages. Mais pas de panique, il existe des conseils pour aider à l'accueil de l'enfant!

Mon premier conseil (à moi, ça n'engage que moi), c'est d'être toujours bienveillant. S'énerver ne servira pas à grand chose, si ce n'est peut être le renfermer. Il est nécessaire de mettre en place un environnement rassurant, voir contenant: le vide, l'inconnu et les grands espaces inquiètent les personnes atteintes de T.E.D. Un coin de bureau situé entre deux armoires, entre deux paravents, ou juste un pouf en bille englobant dans lequel l'enfant va pouvoir se sentir rassuré peut déjà apporter une solution pour les comportements excessifs. 

Ensuite, l'enfant n'a pas de repère dans le temps: pour lui une minute de travail assis peut ressembler à l'éternité, alors que jouer des heures à son jeu favori ne représente pour lui rien du tout en terme de temps. Il faut lui matérialiser par des sabliers de temps, un time-timer... j'ai dans ma classe un minuteur de cuisine. Attention de ne pas choisir un minuteur trop bruyant, cela pourrait perturber la concentration des élèves (atteints de T.E.D ou non!). J'ai aussi mis en place un emploi du temps visuel où chaque enfant a son étiquette qu'il déplace au fur et à mesure de la journée. (photos à venir)

Il peut aussi avoir des difficultés à se souvenir ou à conceptualiser la tâche demandée. Il est nécessaire d'appuyer les consignes par des pictogrammes, pour, pourquoi pas, les abandonner par la suite? Ces pictogrammes sont des repères dont l'enfant a besoin pour se recentrer.

Ce qui marche bien c'est de commencer les séances avec un centre d'intérêt de l'enfant. L'activité peut tourner uniquement autour de ce centre d'intérêt au début, puis le but et de généraliser petit à petit. Attention non plus à ne pas lui proposer que des activités intéressantes pour lui, car le jour où vous lui proposerez quelque chose qui ne lui plait pas forcément, il risque de rentrer en crise. Une autre solution que l'on peut intégrer en parallèle, c'est le système d'efforts / récompense. Par exemple, proposer un certain nombre de réussites de l'exercice avec à la clef une activité que l'enfant apprécie.

Et ce n'est pas parce que l'enfant ne parle pas qu'il n'a rien à dire. Il faut leur apprendre un moyen de communication alternatif, tel que le PECS ou le Makaton que nous utilisons dans l'établissement. Je ferai un article plus tard sur cela. 

Je papote, je papote, mais l'académie de Lyon a édité un livret très bien pensé et complet pour expliquer à tout le monde ce que j'essaie de dire avec mes petits mots à moi.

Vous pouvez le trouver ici:

Accompagner des élèves avec des troubles du spectre autistique à l’école maternelle

Si vous aussi vous avez des conseils ou des anecdotes, partagez-les, je serai heureuse de vous lire! 

Le Makaton, c'est quoi? Dernièrement j'ai eu un petit commentaire qui me disait "Je n'avais jamais entendu parler du "makaton". Merci pour la découverte!"

Ah oui, c'est vrai, je n'ai pas encore expliqué ce que c'était que le Makaton. Tout d'abord, il ne faut pas oublier que je travaille en I.M.E. et que mes élèves ont des troubles cognitifs qui parfois les empêchent d'accéder à la parole. Oui, mais ce n'est pas parce qu'ils ne parlent pas qu'ils ne veulent rien nous dire!

Le Makaton, c'est une méthode de communication alternative et augmentative. Elle permet à des personnes qui n'ont pas ou peu accès à la parole de pouvoir communiquer au travers de l'utilisation de pictogramme ou de gestes (basés sur la langue française des signes) ou les deux combinés.

Quand on utilise Makaton, on n'arrête pas pour autant de parler à la personne. En effet, on peut  doit signer, montrer le picto et parler en même temps. Les personnes sont donc plongées dans un bain de langage au travers de différents moyens, et peuvent s'approprier la méthode avec laquelle elles se sentent plus à l'aise. Il ne faut donc pas être effrayé par cette méthode, car elle ne remplace pas le langage oral mais favorise une meilleure communication.

En tant qu'enseignante, j'ai choisi d'utiliser cette méthode non pas parce-que l'établissement où je travaille porte cette étiquette, mais bel et bien parce-que cela me semble un outil intéressant et enrichissant dans mon enseignement. Je ne l'utilise pas à chaque fois, mais je me sers beaucoup des pictogrammes utilisés par la méthode pour compléter mes chansons, donner mes consignes, dans l'emploi du temps...

Les signes? J'aimerai bien, mais je n'ai pas été formée et je les apprends au fur et à mesure avec mes élèves.

L'année dernière, j'ai mis en place tout une séquence d'apprentissage pour permettre à mes élèves de rentrer tout simplement en communication avec moi. J'ai obtenu trois types de résultats: un élève a bien progressé dans l'utilisation des gestes au quotidien, une a découvert qu'elle pouvait formuler des demandes grâce à des gestes ou des pictogrammes et a vu son comportement apaisé, et enfin le dernier s'est mis à utiliser beaucoup plus la communication orale. Et pourtant, ils suivaient tous les trois le même apprentissage!

Plus tard, je vous parlerai de mon avis sur les autres méthodes de communication alternative.

En attendant, pour ceux et celles que ça pourrait intéresser, allez voir le site Makaton!

Grâce à Charivari j'ai pu retrouver la vidéo "Learning is fun" où l'on voit les élèves de Céline Alvarez (mais si rappelez vous, je vous en ai parlé ici) en action dans sa classe de type Montessori.

Régalez-vous, inspirez-vous, critiquez, mais cette vidéo  ne peut pas laisser insensible.

Quand je parle d'ateliers autonomes, souvent les gens (sauf mes collègues ^^) me regardent bizarrement.

Comment expliquer?

Pour moi, c'est assez simple: chaque personne et donc chaque enfant est différent, il progresse à son rythme, dans des domaines différents où il est nécessaire de l'impliquer [hop, voir l'article écrit ici: l'école de demain].

 ["Tu me dis, j'oublie.

Tu m'enseignes, je me souviens.

Tu m'impliques, j'apprends.."

Benjamin Franklin ]

Sans pour autant me lancer dans un enseignement exclusivement Montessori, j'ai donc décidé cette année de proposer des ateliers autonomes que les élèves peuvent choisir au moment où ils en ont envie, après avoir réalisé le travail demandé. Mes élèves ayant des difficultés cognitives, cela me permet aussi d'observer dans quelle activité ils se sentent à l'aise, et inversement.

La première question que je me suis posée a été: quels contenus pour quel objectif?

Quelques recherches plus tard, me voici donc avec un outil indispensable en main: 

 le récapitulatif des intelligences multiples.

Eh oui, d'après des chercheurs, dont le premier fut Howard Gardner, il existe différentes intelligences chez l'Homme. 

Dans une classe, pour n'oublier personne, il serait donc nécessaire de permettre à chacun de pouvoir s'appuyer sur son intelligence pour progresser mais aussi de développer les autres. 

Chacun a ses affinités, et moi-même en observant ma classe je me rends bien compte sur lesquelles je pêche ... 

Bientôt je posterai quelques exemples d'ateliers autonomes en fonction des différentes intelligences.

En attendant, vous pouvez jeter un oeil sur ces blogs dont je vais m'inspirer:

•  Ecole petite section
• Emilie44

 Il y a aussi un article sur Eduscol: Zoom sur les intelligences multiples

Ce matin j'ai lu un article du monde, où Céline Alvarez parle de l'école de demain: développer le potentiel humain au rythme de l'enfant, et pas au rythme de l'école.

Pour apprendre, l'enfant a besoin de s'investir.  L'enfant doit mettre en oeuvre 4 capacités cognitives: 

• l'attention
• l'engagement actif
• le retour d'information immédiat : décalage entre ce que notre cerveau pense et ce que nous observons.
• la consolidation : par la répétition

Dans ma classe, je tente de mettre en place des ateliers montessori, en accès libre. Il faut beaucoup de matériel, de préparation, et j'y vais petit à petit. C'est ma première année dans cette unité d'enseignement, et depuis septembre, déjà 5 ateliers ont vu le jour dans ma classe. Je vous partagerai ceci plus tard.

Au sein de l'I.M.E, les élèves ont tous des difficultés cognitives différentes: certains n'arrivent pas à se souvenir mais arrivent à déchiffrer des mots, d'autres ne savent pas lire mais se débrouillent très bien dans les actes du quotidien, parfois encore, la motricité fine leur fait défaut mais raisonnent parfaitement. C'est pourquoi, pour ne pas rater "une fenêtre d'apprentissage", je propose ces ateliers dans ma classe. Cela leur permet de découvrir à leur rythme de nouveaux apprentissages, de répéter si besoin et de prendre plaisir à la réussite.

Pour lire l'article: L'école de demain - Céline Alvarez